« Eté froid, hiver froid ! » disait Tata Suzanne au marché en septembre. « Bon il fait doux pour le moment, mais tu vas voir quand le froid va être là, on va le sentir passer » commentent deux jeunes en décembre.

S’il y a bien quelque chose qui n’est pas régi par des règles, c’est la météo ! En réalité, selon les statistiques de Météo France, seulement 10% des étés frais sont suivis d’un hiver froid. On peut même dire que ce mois de janvier 2014 est le deuxième mois de janvier le plus chaud depuis que Météo France mesure températures et précipitations.

Leucojum vernum

Leucojum vernum

Ces températures anormales ont totalement déréglé la nature. Vous avez peut-être pu le constater vous même. Les perce-neiges, Galanthus nivalis, et les nivéoles, Leucojum vernum, sont déjà sortis, ainsi que de nombreuses autres espèces. J’ai moi même été le témoin de la floraison de ces deux plantes. Il est vrai que ces espèces sont précoces, mais là c’est avec un mois d’avance pour ces stations. Elles font partie de la famille des Amaryllidaceae. En France on compte six espèces de nivéoles. Leucojum vernum, est reconnaissable par ses fleurs penchées ou pendantes, à trois sépales et trois pétales identiques et libres jusqu’au-dessus de l’ovaire qui est infère et pointés de vert sur le bout. En général on les trouve plutôt dans des habitats ombre/mi-ombre et frais.

Leucojum vernum toujours

Leucojum vernum toujours

Mais pourquoi cette floraison précoce ? Le mois de janvier est, comme je vous l’ai dit, exceptionnel. Les moyennes de températures sont supérieures à la moyenne. +2,6°C pour Paris, +3,9 °C pour Lyon ou encore +3,1°c pour Bordeaux. L’ensoleillement a aussi été  catastrophique. -32% pour Paris par rapport à la normale, -20% pour Lyon ou -29% pour Bordeaux. Soit en heure d’ensoleillement, 43h pour Paris en cumulé pour tout le mois de Janvier (moins de deux jours cumulé), 59h pour Lyon (deux jours et demi cumulé), 68h pour Bordeaux (moins de trois jours cumulé). Et ne parlons pas des précipitations. -3% par rapport à la normal pour Paris, +119% pour Lyon, +111% pour Bordeaux.

Galanthus nivalis

Galanthus nivalis

Ce sont ces conditions particulières qui ont permis la floraison des ces plantes. Température douce, ombre, et humidité. Tout ce qui leur plait ! Il faut espérer que les plantes résisteront à la prochaine vague de froid. S’il y en a une ! En tout cas rien n’est joué pour la nature. En 2013 nous avons pu observer un printemps en mars en retard qui a pris jusqu’à 3 semaines d’avance en avril mai. Observer l’avancée de la nature par les plantes est un meilleur moyen de juger de son état que les vieilles citations de nos grand-mères.

Et la petite fillette répondit : « C’est une bonne noix que je mange. Si tu veux, je te donnerai cette paire de petits ciseaux très résistants et très pointus. Ainsi, tes enfants et toi pourrez manger des noix de coco comme celle-ci quand vous serez sur le rivage ; et tu pourras creuser ton propre Pusak Tasek n’importe où pour te cacher ; et si le sol est trop dur, tu pourras grimper aux arbres.

– ça ne suffit pas, répondit Pau Amma. Nu et mou comme je suis, ces cadeaux ne me seront d’aucune utilité. Rends-moi ma carapace, ô Doyen des Mages, et je jouerai au jeu que tu voudras.

– Je te rendrai ta carapace, rétorqua le Doyen des Mages, pendant onze mois de l’année ; le douzième mois, tu redeviendras nu et mou afin de te rappeler, à tes enfants et toi, que je suis le Maître des Sortilièges et que tu dois faire preuve d’humilité. Car si tu peux fuir à la fois sur Terre et dans la Mer, tu deviendras trop effronté ; et si tu peux grimper aux arbres, ouvrir des noix de coco et creuser le sol avec tes pinces, tu deviendras trop gourmand. »

Le Crabe réfléchit, puis déclara : « C’est d’accord. J’accepte tous vos cadeaux. »

Alors, le Doyen des Mages réalisa un sortilège de sa main droite, avec ses cinq doigts […] et Pau Amma se mit à rétrécir, à rétrécir, à rétrécir encore et encore jusqu’à n’être qu’un crabichon minuscule […].

[…]

Crabe fantôme sur la plage de Grande Anse

– « Kun ? », demanda le crabe
– « Payah kun », répondit le Doyen des Mages.

[…]

Et Pau Amma ? Tu vois bien, quand tu vas à la plage, comment ses bébés creusent de petits Pusat Tasek sous chaque pierre pour s’abriter, et comment ils agitent leurs petits ciseaux. […] Mais une fois l’an, tous les Pau Amma doivent ôter leur carapace et rester nus et mous en souvenir du Doyen des Mages. Voilà pourquoi il est injuste de les tuer ou de les chasser, sous prétexte que Pau Amma s’est montré impoli il y a bien longtemps.

Histoires Comme ça

Rudyard Kipling

 

Les Mahots font partie des espèces végétales emblématiques de la forêt réunionnaise.

Dombeya acutangula du jardin

Dombeya acutangula 

L’étymologie du nom « mahot » est étonnante…

« Mahot » serait d’origine sakalav (malgache) et proviendrait du terme Mahogo qui se décompose en « ma » qui signifie « grand » et hogo « action de peigner une fibre »…

Autrement dit, Mahogo désigne le chanvre.

Il semblerait que les premiers habitants malgache de l’île aient confondu les feuilles juvéniles du mahot tantan (Dombeya acutangula) avec de vulgaires pieds de zamal.

Je ne sais pas si ça se fume…

… Suite et bientôt fin de l’année 2013… A la recherche des paradis perdus de l’Océan Indien…

L’île a émergé il y a quelques 3 millions d’années et l’homme n’a commencé à la coloniser qu’à partir du 17ème siècle. Dès lors, ce fut le début de l’extermination (volontaire ou non) d’un grand nombre d’espèces végétales et animales. Fin de l’histoire, maintenant on essaye de rattraper le temps perdu.

Les forêts humides des Bas, on en trouve encore. Vers le Sud Sauvage et l’Est. C’est le cas de la forêt de Mare Longue à Saint-Philippe. Quant à la forêt sèche (des Bas), on oublie, mis à part quelques ravines du côté de La Possession.

Forêt des Bas

Forêt des Bas avec son pied d’Angraecum mauritianum

Le relief de l’île a protégé les forêts d’altitude perchées sur leurs remparts. Dans le royaume des nuages.

Forêt des Hauts

Forêt des Hauts avec ses touffes d’ananas marron

Là-haut, il peut faire très frais. Parmi les arbres endémiques remarquables, les mahots sont très fréquents.

Fleur de petit Mahot

Fleur de petit Mahot Dombeya ficulnea (?)

Au grès des déambulations, le fouillis végétal saute aux yeux. Du sol à la canopée, tous les étages sont occupés. Ce sont les épiphytes qui squattent. Parmi celles-ci, certaines fascinent plus que d’autres : par leur beauté, leur fragilité et leur élégance. Ces filles de l’air que sont les orchidées.

Bulbophyllum pendulum

Le minuscule Bulbophyllum pendulum fait jouer quelques rayons de lumière dans sa hampe florale colorée.

Polystachya concreta se la joue un peu timide. Certainement parce qu'elle est assez banale...

Polystachya concreta se la joue un peu timide. Certainement parce qu’elle est assez banale…

Cryptopus elatus a la classe

Cryptopus elatus a la classe

Enfin, ce Cryptopus s’observera plus facilement à l’aéroport de Gillot (Roland Garros à Sainte-Marie) que dans le milieu naturel. Un énorme poster orné de quelques espèces réunionnaises remarquables accueille le visiteur.

Bonne année 2014 à tous !

… Autrement dit… Des photos au fond du jardin !

C’est la fin de l’année, l’heure des bilans et des rétrospectives. Voilà la première partie.

Cette année j’ai passé plus de temps dans le fond du jardin que dans la nature… C’est comme ça.

La Réunion, comme toutes les îles, jouit d’une diversité biologique assez hallucinante. Son insularité la rend très sensible aux introductions d’espèces exotiques : végétaux, animaux, agents pathogènes (bactéries, virus, etc.).

Les espèces endémiques ont réussi pour la plupart à se maintenir dans les Hauts de l’île. Du coup, dans les Bas, c’est plutôt la fête aux exotiques et envahissants.

Pantala flavescens

Fin de soirée pour cette libellule de fin d’été qui traîne dans le vetyver. L’automne approche. Avril 2013.

Asilide entre les roses de porcelaine

Asilide à travers les larges feuillages des roses de porcelaine du jardin du voisin. Décembre 2013.

Lycaenidae

Fin d’une journée d’été pour ce petit lycénidé qui va passer sa nuit sur son herbe à aiguille. Octobre 2013

Colle-colle

La liane colle-colle a tendance à proliférer dans les jardins. Elle n’est ni agréable ni jolie. Mais comme le disait ce bon vieux Serge : « la beauté cachée des laids, des laids, se voit sans délais, délais… »

Joyeux noël !

Suite et fin des pérégrinations photographiques de Montier…

Toujours en deux mots…

 

Peter Cairns « Caledonia – Scotland’s Heart of Pine »

En deux mots : Scotland’s forest

21 très belles images de la forêt écossaise réalisées par Peter Cairns, un véritable amoureux de ses forêts écossaises. Le bougre a une très belle diversité animale dans ses clichés qui sont très propres.

Son site…

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Stéphane Leroy & Laurent Cocherel « South Georgia – Voyage au bout du rêve »

En deux mots : ambiance et émotions

20 photos réalisées lors d’un voyage en Géorgie du Sud en novembre 2012. Le départ pour ces îles australes lointaines se fait depuis les îles Falklands. Le photographe multi-récompensé au festival AVES Namur 2013 présente des images très graphiques et à l’ambiance particulière. C’est très réussi !

Le site de Stéphane Leroy…

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Guillaume Bily « Vers l’obscur »

En deux mots : obscurité et espace (crépuscule ?)

15 images de Norvège réalisées lors d’un voyage en solitaire. Ces images de paysages et d’ambiances sont réalisées à la tombée du jour. Les ambiances sont incroyables, presque du noir et blanc quand ça ne tend pas vers le bleu. C’est sombre, c’est beau, la nature nous enveloppe…

Son site…

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Marcello Pettineo « L’esprit naturaliste »

En deux mots : dessinateur naturaliste

Le dessinateur qui orne régulièrement les magazines nature essaye de montrer « le pourquoi du comment » avec son crayon. A la fois dessin d’art et dessin scientifique, son travail rappelle la mémoire des travaux des premiers naturalistes systématiciens.

Son site… (et j’ai cru comprendre qu’il y avait moins 30 à 50% en ce moment !)

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Horizons Naturels « De l’ombre à la lumière »

En deux mots : rêverie et découverte

4 garçons plein d’avenir ! Alexis, Benjamin, Emmanuel et Rémi nous présentent 20 images hétéroclites : des aurores boréales, des colibris, de l’Ecosse, des Alpes… Ils sont sympathiques et dynamiques et ils méritent le détour (ou une raclette !).

Le site du collectif…

Celui d’Alexis…

Celui de Benjamin…

Celui d’Emmanuel…

Et celui de Rémi…

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J’ai profité des vacances en France pour faire un tour par la Haute-Marne et par le festival international de Montier-en-Der.

J’y suis passé le samedi 23 novembre. L’occasion de prendre l’apéro avec les copains, d’admirer de superbes expos, d’entendre quelques photographes nature pas trop naturalistes et un peu démagogues… mais bon… C’est le jeu…

Des jolies expos, il y en avait !

L’idée pour les exposants était de me présenter leur exposition en 2 mots (d’où le titre de l’article…). Voilà donc mes quelques coups de cœur…

 

Sébastien Lamadon « Fines Fleurs »

En deux mots : pastel et poésie

12 images de fleurs très douces, avec des belles lumières prises dans le Massif central du côté de l’Aubrac, du Velay et du Causse Méjean. Les compositions au 300mm sont somptueuses de douceur…  C’est très beau !

Son site…

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Jérôme Pruniaux « Le Petit Voyage Immobile »

En deux mots : créativité et arrière-plan

15 images du sud de l’Ain qui retracent un petit voyage macro dans les mousses végétales et les droséras. Jérôme essaye de mettre en valeur le sujet par des arrière-plans particulièrement travaillés… C’est frais et plein de rosée.

Son site…

Ses stages… 

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Jonathan Lhoir « Black and Wild »

En deux mots : contraste et contre-jour

L’homme à la belle barbe rousse nous envoie 17 images épurées et très graphiques. Des plantes, des oiseaux, de la macro…

Son site…

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Laurent Ballesta « Odyssée dans les Eaux d’Ici »

En deux mots : chez moi

33 images aquatiques des eaux douces réalisées dans les environs de Montpellier par le biologiste-photographe (photographe-biologiste ?) marin. J’ai particulièrement apprécié la beauté des clichés des comportements de la perche soleil (c’est mon côté naturaliste).

Son site…

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 La suite très très vite !

Voilà quelques semaines que je n’avais pas posté…

Les lycènes sont abondants en ce moment et offrent de jolies compositions en fin de journée.

C’était le 11 octobre à 17h54 au Tampon. Il restait encore un peu de lumière avant le coucher du soleil. Et il ne pleuvait pas encore.

Maître lycène sur son arbre perché...

Maître lycène sur son pied de zacacias…

A cause du bulbul orphée, oiseau nuisible introduit à la Réunion, j’ai une dent contre ces piafs. Oui, c’est bête, mais c’est comme ça.

C’était un début de soirée comme les autres dans la de Hoop Nature Reserve en Afrique du Sud.

Alors que j’étais tranquillement assis à contempler des pie-grièches fiscales qui dégustaient des chenilles énormes, un voisin un peu snob vint se joindre à moi. A contempler la scène et le paysage qu’on avait devant nous.

Une sorte d’ornithologue anglo-saxon à la vieille paire de jumelle bien lustrée. Bien élevé, plutôt classieux avec son croupion jaune. Assorti à son copain Eloi le tisserin également ornithophile. Le tout assorti à une vaisselle en porcelaine blanche, idéale pour le thé. Ou une tasse de rooibos.

le bulbul du Cap Pycnonotus capensis

le bulbul du Cap Pycnonotus capensis avec sa paire de jumelles vintages

Les bulbuls, particulièrement ceux du genre Pycnonotus, sont des oiseaux très actifs et plutôt familiers. Celui-ci est endémique de la péninsule du Cap et est un proche cousin du bulbul des jardins qu’on peut croiser ailleurs en Afrique.

C’était un début de soirée comme les autres dans la De Hoop Nature Reserve.

Pendant que le soleil finissait de se coucher, il fallait s’affairer pour trouver du bois pour se protéger des grand félins mangeurs d’humains réputés pour leur férocité dans ce coin de l’Afrique du Sud préparer le barbecue. Un énorme steack (aux hormones) nous tendait les bras.