Île Rodrigues, caillou minuscule, perdu dans l’Océan Indien. Errances.

Errances océaniques du voyageur, fausses errances des oiseaux marins.

Le lagon de l’île offre un certain nombre de petits îlots où les oiseaux marins trouvent refuge. Pour se reproduire le plus souvent. Le reste du temps n’est qu’errance sur l’immensité bleue.

Sur l’île aux cocos, ce sont deux espèces pélagiques qui ne mettent pied (patte ?) à terre que pour pondre et élever leurs boules de duvet.

Parmi elles, l’énigmatique gygis blanche. Le fantôme blanc des mapous¹.

La gygis sur sa branche

La gygis sur son arbre perchée

¹Le mapou ou bois mapou (Pisonia grandis) est un arbre de la même famille que le bougainvillée (famille des Nyctaginaceae) que l’on peut croiser dans l’Océan Indien et Pacifique. Il est inféodé au bord de mer (dunes, zones sableuses) et ses tissus présentent des propriétés de stockage d’eau. Ses graines collantes sont disséminées par les oiseaux marins.

En cette saison, l’île résonne des pas et des battements de coeur des milliers de raideurs qui se lancent à l’assaut de ses montagnes. Pendant 4 jours, quasiment toute l’île ne parlera que de ça…

Des champions hallucinants qui mettront une vingtaine d’heures à avaler plus de 170 km et une immense majorité d’anonymes qui se battront avant tout contre eux-même pour arriver au bout de cette folle aventure.

Départ de Saint-Pierre pour le Grand Raid (Diagonale des fous), de Cilaos pour le semi (trail de bourbon) et de Hell Bourg pour la petite mascareigne.

Soirée sur le Piton des Neiges

Soirée sur le Piton des Neiges

J’ai fouillé dans les archives pour ressortir cette photo, faite à l’époque au 40D (finalement pas si mal ce boîtier), quand je suis arrivé à la Réunion. C’était un crépuscule sur le piton des Neiges depuis le massif du volcan. Et c’est sur ce terrain de jeu incroyable que les fous vont user leurs tendons, cartilages et semelles de chaussures.

Je m’excuse pour la pétouille qui traîne sur l’image.

Et je pense à tous les copains qui ont déjà commencé leur course, en attendant avec impatience le début du trail de Bourbon. Départ à 04h00 ce samedi matin !

A l’île de la Réunion, parmi la flopée d’oiseaux exotiques qui ont élu domicile sur ce caillou, il y a une aimable et petite tourterelle qui se fait appeler géopélie zébrée.

« Géo » en référence à la terre puisqu’elle semble passer la majeure partie de son temps au sol. Elle est discrète et ne passe pas son temps à roucouler en haut des fils électriques ou à la cime des arbres. Elle est pourtant omniprésente et, comme le moineau domestique, est un compagnon plutôt fidèle de l’humain.

Tourterelle péi ou Geopelia striata

Tourterelle péi ou Geopelia striata

Ce cousin quasi-germain de notre zoizo vert local a une vie un peu moins rose que lui. Enfin, tout est relatif, mais quand même.

Ses effectifs sont extrêmement réduits dans son milieu naturel avec une population estimée à 190-300 couples localisés essentiellement dans le Black River Georges National Park. C’est très peu et c’est pourquoi l’IUCN lui a attribué le statut peu enviable d’espèce « Critically Endangered » (CR). C’est moche, c’est triste.

Les causes de son déclin son nombreuses et tragiquement classiques : réduction et fragmentation de son habitat naturel, prédation par les espèces exotiques…

Mais.

Zosterops chloronothos, zoizo vert mauricien

Zosterops chloronothos, zoizo vert mauricien

Il y a un mais. Et beaucoup d’espoir.

La Mauritius Wildlife Foundation assure un travail assez intéressant de protection. Plusieurs individus ont été prélevés dans le milieu naturel et ont été introduits sur l’île aux aigrettes qui a subi un important travail de restauration écologique : élimination des pestes végétales, restauration des écosystèmes, contrôle des espèces animales exotiques, notamment les rats. Il y en a 25 qui devraient permettre le renforcement des effectifs.

L’Argine astrée, Argina astrea de son petit nom gâté, est un papillon plutôt nocturne de la famille des écailles.

Son aire de répartition est plus que vaste puisqu’on la retrouve de l’Afrique de l’Est jusqu’aux régions pacifiques, en passant par l’Asie et l’Australie. Ce papillon n’est pas rare à la Réunion même si on a plus de chance de pouvoir l’observer l’été que l’hiver.

Argina astrea femelle

Argina astrea femelle

L’argine astreé aime les légumineuses et particulièrement la cascavelle jaune.

Cascavelle jaune, Crotalaria retusa la plante hôte

Cascavelle jaune, Crotalaria retusa la plante hôte

Les souimangas sont des petits oiseaux souvent très colorés qui butinent le nectar des fleurs. A la façon des colibris, sauf qu’eux sont américains et les souimangas plutôt africains.

Il existe différentes espèces dans le SWIO qui sont quasiment toutes endémiques : 7 espèces aux Comores, 2 à Madagascar et une aux Seychelles.

Alors que ces oiseaux sont souvent très colorés, notamment les mâles, celui des Seychelles est certainement le plus terne.

Souimanga des Seychelles étirant son cou

Il est bleu foncé presque noir et son cou présente de jolies irisations bleues. L’oiseau est assez fréquent sur les trois principales îles granitiques. Il n’est pas très farouche et on le reconnaît facilement à son cri caractéristique.

Un peu de systématique, sinon ce n’est pas drôle. Auparavant, les souimangas du SWIO étaient affiliés au genre Nectarinia. Désormais, ils appartiennent au genre Cinnyris. C’est comme ça.

Butiner dans les Lantana...

Butiner dans les Lantana…

La rencontre avec ce mâle s’est déroulée en fin de journée pluvieuse sur l’île de La Digue. Sous les grands manguiers et badamiers, la lumière était bien faible. Le 5D mark III et le 300mm f/4 ont remarquablement fait le travail…

Le héron strié est un grand classique de l’Océan Indien et de l’Afrique. On le retrouve quasiment partout.

C’est une bestiole charmante et avenante qui ne paye pas de mine et qui se complaît à se régaler de menu fretin.

Voilà donc un ado de Butorides striata qui a posé pour moi dans le lagon de la plage d’Anse Sévère à La Digue.

Sympa comme tout le bougre et un peu dégingandé…

Butorides striata qui fait le beau gosse sur la plage

Butorides striata qui fait le beau gosse sur la plage

Début juin, à l’approche de l’hiver austral, le soir d’un crépuscule sans couleurs je suis allé en forêt.

J’ai suivi un  début de bout de sentier, sans trop savoir où il aboutirait. J’avais quand même une petite idée, mais c’était plus long que prévu.

Une touffe d’ananas marron et les enchevêtrements des mapous qui ont subi de nombreux cyclones, les épiphytes qui s’accrochent comme ils le peuvent, confèrent à ce lieu une certaine sérénité. Malgré le chaos apparent, tout est à sa place. Les nuages tamponnent l’atmosphère. L’ambiance est ouatée, il n’y a pas de vent.

Ananas marron et mapous...

Ananas marron et mapous…

Les bulbuls du genre Hypsipetes sont des bulbuls noirs qui se retrouvent sur quasiment toutes les îles de l’Océan Indien.

Ils sont tous à peu près la même dégaine : plus ou moins mal coiffés, bruns avec une calotte plus foncée, du genre hirsutes. Et plutôt bruyants.

Sur une photo, sans aucune indication géographique, il sera quasiment impossible de faire la différence entre les espèces. Le bulbul de la Réunion sort légèrement du lot puisque c’est le seul à avoir l’iris clair… Peu importe, ce n’est pas le sujet.

jeune bulbul

Juvénile du bulbul merle

Sur les îles granitiques des Seychelles on trouve donc Hypsipetes crassirostris, autrement dénommé bulbul merle ou encore bulbul des Seychelles. Ce qui est plutôt logique.

Ce jeune individu traînait dans la forêt de Mahé, sous l’oeil vigilant de ses parents.

Sous le regards bienveillant de l'adulte...

Sous le regard bienveillant de papa ou maman…

Le granit rose des Seychelles a au moins 750 millions d’années… Il est né du côté du bassin Somali à l’époque où il n’y avait qu’un continent unique et primitif.

Petit à petit les futures îles se sont progressivement désolidarisées du Gondwana. C’était il y a environ 225 millions d’années. Avec elles, il y avait Madagascar, le futur sous-continent Indien, la future Antarctique, la future Australie…

A une période estimée entre 84 et 95 millions d’années, les Seychelles et l’Inde se séparaient de Madagascar. Entre temps, le bassin des Mascareignes voyait le jour, faisant pivoter dans leur lente migration l’Inde et les Seychelles.

Il y a 66 millions d’années, la séparation avec le sous-continent indien était actée. Les Seychelles venaient de naître.

Là bas, Praslin...!

Là bas, Praslin…!

Au moins 65 millions d’années pour des îles, c’est fou. A titre de comparaison, l’île de la Réunion est un super bébé avec un âge estimé à 3 millions d’années…

Au niveau biologique, ce grand âge et cette lente migration explique la présence de nombreux batraciens et au moins une espèce de poisson d’eau douce endémique en plein milieu de l’océan (un killie, famille des Cyprinodontidae pour les spécialistes…). En effet, les grenouilles ne sont pas capables de traverser de grandes étendues d’eau salée… La faute à leur peau pas vraiment hermétique…